« L’eau renversée est difficile à rattraper. »
– Proverbe chinois
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Les choses ne vont pas beaucoup mieux sur les marchés aujourd’hui. Les Etats-Unis ont terminé la séance d’hier sur une baisse assez saignante… et devraient ouvrir dans un rouge tout aussi unanime.
Si le CAC 40 et les marchés européens attendaient du secours en provenance de l’autre côté de l’Atlantique, ils risquent d’être déçus…
Décidément, les séances qui viennent s’annoncent difficiles. Faites preuve de patience, de votre côté – ne vous précipitez pas dans des manœuvres risquées, ne tentez pas de « gros coups » sans être correctement guidé (jouer la baisse, cela ne s’improvise pas), et surtout… ne lâchez pas vos positions de couverture !
00:30 Un autre facteur devrait retenir votre attention, parce qu’il indique à la fois que la situation est vraiment grave… et que les choses pourraient s’améliorer rapidement. Philippe Béchade explique cet apparent paradoxe dans La Bourse au Quotidien :
« Les taux longs américains pulvérisent […] leur plancher historique, à 1,36% contre 1,47% vendredi (précédent plancher très long terme) et le 30 ans chute vers 1,817% (-10 points, du jamais vu).
L’inversion de la courbe des taux se radicalise soudainement avec du 3 mois à 1,54%, du 6 mois à 1,475%… du 1 an à parité avec le 10 ans : les marchés parient massivement sur une baisse de taux dès la prochaine réunion de la Fed début avril !
Les marchés de taux hissent le drapeau rouge et appellent déjà la Fed au secours !«
Eh oui, c’est classique : les banques centrales, jusqu’à présent, n’ont jamais laissé les marchés dans la détresse. Elles sont intervenues, ont gonflé, trafiqué, manipulé les cours… et n’ont jamais laissé une baisse se prolonger.
Après tout, c’est ainsi que les marchés ont atteint les sommets stratosphériques de ces derniers temps : bonnes nouvelles, on grimpe… mauvaises nouvelles, on grimpe aussi – merci la Fed !
L’inversion spectaculaire de la courbe des taux en ce moment pourrait être le facteur déclenchant une intervention tout aussi spectaculaire…
01:15 … A moins que !
Nous ne sommes plus en 2012 – et non seulement les autorités financières et monétaires commencent à être à bout de ressources, mais elles sont aussi en mal de crédibilité.
Comme l’explique Olivier Delamarche dans la dernière alerte de sa lettre Delamarche en Liberté, deux cas de figure sont désormais possibles :
« Soit les banques centrales interviennent tout de suite. Dans ce cas, le Nasdaq ne connaîtra qu’une petite journée de baisse, au pire deux, et repartira comme ce fut le cas en janvier. Jusqu’à présent, c’est cette option qu’ont privilégié les banques centrales.
Mais les déclarations des banques centrales sont significatives d’une fébrilité et d’une perte de contrôle. Si le marché perd confiance dans les banques centrales, la chute sera encore plus profonde. C’est le pire scénario. »
01:45 Le deuxième cas de figure me semble hautement improbable – ce n’est pas dans les « habitudes » des banques centrales ces dernières années –, mais après tout, pourquoi pas ?
Olivier reprend :
« L’autre option serait que les banques centrales laissent le marché tomber.
Celui-ci pourrait alors intégrer tous les éléments macro des derniers mois et qu’il a jusqu’alors ignorés. La chute potentielle est d’au moins 50%. Les banques centrales n’interviendraient que lorsque les marchés auraient baissé de 30%.
Le résultat est au final le même. Seul le profil de la baisse diffère.
Quel que soit le comportement des banques centrales, la baisse d’aujourd’hui ne constitue pas un point d’entrée sur les marchés. Ni court terme, ni long terme.
La théorie de la ligne Maginot appliquée depuis des années ne fonctionne pas.
Il vaut mieux laisser couler le marché, pour le relever quand il sera tombé. Plus que jamais mon kit anti-crise est d’actualité.«
Nous verrons d’ici la fin de la semaine ce que les autorités décideront (ou non). Une correction serait plus que nécessaire, si l’on souhaite repartir sur des bases plus saines… mais évidemment, elle ne se fera pas sans douleur.
Surtout, je ne suis pas certaine que les autorités seraient en mesure de « maîtriser » le processus et de faire en sorte que tout le système ne parte pas en vrille, en mode Grande récession de 2008.
A suivre…
02:30 En cas d’intervention des banques centrales, le marché pourrait repartir assez rapidement à la hausse – et sans doute atteindre de nouveaux sommets, convaincu une nouvelle fois de sa propre invincibilité.
Si tel est bien le cas, Zach Scheidt vous propose dans Le Nouveau Rentier une manière originale d’en profiter – en investissant… avant qu’une entreprise fasse son entrée en Bourse. Ce n’est pas réservé aux initiés, contrairement à ce qu’on pourrait penser, explique Zach :
« Comme vous le savez peut-être, il est très difficile, pour les particuliers, d’investir dans des start-up, aussi prometteuses soient-elles, aux Etats-Unis.
Un si grand nombre de nouvelles entreprises fait faillite que la Securities and Exchange Commission (SEC, Autorité des marchés financiers aux Etats-Unis) limite la possibilité d’y investir aux seuls ‘investisseurs accrédités’ : ceux qui disposent d’une fortune de plus de 1 M$ (sans compter le domicile) ou d’un revenu annuel de plus de 200 000 $.
[…] Mais si vous n’avez pas 1 M$ sous la main, vous n’avez aucun moyen d’investir dans ces start-up.«
03:15 Faut-il pour autant abandonner l’idée ? Pas du tout, continue Zach – il existe des solutions bien plus simples (et moins exigeantes) :
« [Vous pouvez] investir dans des sociétés de capital-investissement cotées en Bourse. L’une de nos positions en est le parfait exemple : The Blackstone Group (BX). Nous affichons un gain de 90% sur cette position à ce jour, et nous percevons près de 2 $ de dividendes chaque année.
Mais cela pose un problème : contrairement à ce qu’indique leur nom, les sociétés de capital-investissement n’investissent pas que dans des entreprises non cotées. Elles peuvent s’intéresser à l’immobilier, aux devises, à des instruments dérivés complexes ou à toute autre chose, voire même à des sociétés cotées en Bourse.
Il existe un autre problème, dans la mesure où les sociétés de capital-investissement possèdent deux sources de revenus : l’argent qu’elles gagnent sur leurs investissements et les honoraires que leur versent leurs clients fortunés.
Alors acheter des actions d’une société de capital-investissement ne se traduit pas forcément par des gains réalisés sur une jeune société en plein essor.
Mais un certain type de société cotée en Bourse permet bel et bien de prendre une participation directe dans des entreprises non cotées… C’est ce que l’on appelle une BDC, aux Etats-Unis, pour ‘business development company’ : une société de développement d’activités, en français.«
Une voie qui mérite qu’on s’y intéresse – et si vous voulez creuser le sujet, Zach y consacre son numéro mensuel du Nouveau Rentier, avec bien entendu une recommandation en la matière : si vous voulez le recevoir, c’est par ici.
04:00 Attention cependant à bien sélectionner vos cibles. Certains secteurs et start-ups semblent promis à un avenir brillantissime… tellement brillantissime que le gouvernement s’en mêle.
A ce stade, prévient Etienne Henri dans Opportunités Technos, la plus grande prudence s’impose :
« L’innovation technologique, que nous aimons tant pour les bouleversements qu’elle apporte à notre quotidien et les fantastiques plus-values boursières qu’elle nous permet d’engranger, passionne désormais les foules et s’est glissée dans la sphère politique.
L’innovation est un oiseau rebelle qui ne s’apprivoise pas à coups de dépenses publiques.
Dans un Occident au PIB en berne, les ruptures technologiques sont attendues comme le Messie pour nous apporter le dynamisme qui manque tant.
En France, berceau du Colbertisme, nous laissons volontiers à l’Etat (et, par ricochet, à l’Europe) le soin de guider les innovateurs pour faire émerger les futures technologies dites ‘disruptives’.
L’expérience nous montre pourtant que l’innovation ne se laisse pas prendre par la main et guider sagement. Les bonnes idées sont souvent trouvées par hasard et progressent ensuite comme une traînée de poudre.«
Explications et illustrations dans la suite de l’article… et pour viser tout de suite les vraies opportunités, faites plutôt appel aux connaissances d’un spécialiste – par ici.
Nous nous retrouvons dès demain pour voir où en sont les marchés. En attendant, je vous souhaite de passer une très bonne soirée…
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
★★★ Le chiffre du jour ★★★ |
+100%C’est le gain final engrangé par les lecteurs de Mathieu Lebrun hier, en pleine dégringolade boursière… et depuis, les compliments pleuvent :
Tout cela grâce à un indicateur bien précis – Mathieu vous explique tout ici même : n’attendez pas pour en profiter à votre tour… |