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Plouf !

Par 24 avril 2019Alertes

Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 « Plouf again ! » me dit un lecteur, en réaction sans doute à la chute de l’once de 1 320 $ à 1 270 $ environ sur le dernier mois. Et de continuer : « en fait, vous n’avez jamais compris le fonctionnement du marché de l’or, c’est pathétique ».

Hm… nous n’avons jamais prétendu détenir la vérité ultime. En l’occurrence, peut-être le comprenons-nous au contraire trop bien !

Dans une conjoncture où les marchés, les autorités financières et les intervenants se sont donné le mot d’ordre pour marcher sur la tête… peut-être sommes nous les seuls – pour l’instant – à nous rappeler où sont le haut et le bas dans l’ordre naturel des choses.

(Un ordre naturel qui finit toujours par se réimposer, au passage… mais il peut arriver que cela prenne plus d’un mois. Pathétique, on vous dit.)

Simone Wapler explique tout cela bien mieux que moi dans La Chronique Agora :

« [L’or] a bien chuté depuis son sommet de l’été 2011. L’inflation est officiellement morte et enterrée depuis belle lurette, selon les gens. Pourtant, tout augmente substantiellement (l’immobilier, les assurances, les soins de santé, l’essence, l’électricité…). Tout sauf les salaires dans les pays développés, qui sont en retard.

Les taux d’intérêt sont négatifs et tout le monde trouve ça normal. Ce qui avant 2007 déclenchait une ruée vers l’or n’affole plus personne« .

 

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L’anomalie est devenue normalité – et l’or, ce métal éminemment pragmatique, semble avoir décidé d’attendre de voir le tour que prendra ce « nouveau paradigme ». Simone revient sur les causes de la situation :

« Il paraît que ce serait dû à un excès d’épargne, selon les uns tandis que d’autres dénoncent un excès de dettes. Ce serait à la rigueur possible si la dette était l’exacte contrepartie d’une épargne déjà existante mais ce n’est pas le cas depuis presqu’un demi-siècle. Nous vivons dans un autre monde, un monde magique ».

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01:30 Assouplissements quantitatifs, renflouages, taux négatifs… assommés de « mesures non-conventionnelles », les marchés sont devenus parfaitement irrationnels. Simone encore :

« Pour tenter de comprendre pourquoi des gens sains d’esprit payent pour avoir le privilège de prêter et donc d’être privés de leur argent, il faut en revenir à la monnaie et ce qu’elle est devenue.

L’or est une monnaie marchandise. Une marchandise obéit aux lois économiques brutales. Il faut qu’il y ait une demande, que cette marchandise corresponde à un besoin, remplisse un service. Il faut aussi qu’il y ait une offre et pour cela, il faut en produire, dépenser de l’énergie et des ressources. Il faut se donner du mal.

Mais les grandes devises d’aujourd’hui ont rompu tout lien avec l’or depuis 1971. Avec la fin des accords de Bretton Woods, les monnaies sont simplement des bons d’achat, des promesses de payer émises par des ‘autorités’ : banques centrales, gouvernements.

Créer de ces monnaies ne donne aucun mal, n’exige aucune ressource, aucune dépense. Les portes d’un monde magique s’ouvrent à vous pour peu que les gens acceptent cet argent.

Et ils l’acceptent, car beaucoup de gouvernements ont pris l’habitude de donner quelque chose contre rien, pour ‘relancer l’économie’, ‘lutter contre la pauvreté’, ‘soutenir la demande’, etc.

Il faudrait être idiot pour refuser de l’argent gratuit. Si vous obtenez de l’argent contre rien, pourquoi payer un intérêt pour en obtenir en contractant un prêt ? Il n’y a pas excès d’épargne, l’épargne est devenue inutile. C’est cela le message qu’envoient des taux d’intérêt négatifs sans que l’or réagisse à la hausse.

Nous vivons donc dans un monde d’argent gratuit où certains obtiennent quelque chose contre rien. La monnaie se crée sans se donner aucun mal, elle se décrète. Pourquoi critiquer ce monde merveilleux, où est le danger ? ».

Et s’il n’y a visiblement pas de danger, après tout, pourquoi se doter d’une assurance contre ledit danger ?

Jusqu’à ce qu’il soit trop tard

02:30 Enfin, visiblement, d’autres que nous s’intéressent au métal jaune – et non des moindres. Jim Rickards en parlait dans la dernière alerte de son service, Intelligence Stratégique :

« Nous avons énormément évoqué le fait que la Russie amasse de l’or et entreprend de créer un internet et une cryptomonnaie privés en vue de contrôler les communications et l’argent, et qu’elle prend des mesures afin de contourner les sanctions économiques américaines.

Où tout cela mène-t-il ?

Cet article offre certaines réponses. Lors d’une conférence réunissant les étudiants et professeurs de l’Académie diplomatique de Russie, Sergei Lavrov, ministre des Affaires étrangères de Russie, a déclaré impassiblement que les puissances occidentales – sous la houlette des Etats-Unis – développaient un nouvel ordre mondial ‘mondialiste’, visant à forcer les économies en voie de développement – y compris la Russie – à renoncer à leur souveraineté et à se soumettre au modèle américain pour gérer leurs monnaies et leurs échanges commerciaux.

Ce nouvel ordre mondial forcerait les économies plus modestes telles que la Russie à adhérer à des normes et règles mondiales imposées par les Etats-Unis et leurs alliés mondialistes en Europe, au Japon et au Canada« .

03:15 Beaucoup de monde considère qu’il n’y a « visiblement pas de danger », disais-je il y a quelques lignes. La Russie ne semble pas de cet avis, et elle prend les mesures qui s’imposent. Jim explique encore :

« Lavrov a déclaré que ces démarches représentaient une forme de ‘chantage’ exercé sur la Russie, et qu’il fallait les rejeter et y résister. Il a invité les futurs diplomates russes à adopter une attitude ferme, lors des négociations, et à faire preuve de créativité, face aux défis de ce nouvel ordre mondial.

Cela implique que la Russie est libre de riposter avec sa propre version d’un nouvel ordre mondial fait de monnaies adossées à l’or, de cryptomonnaies et de modes de communication maîtrisés afin de limiter l’influence des médias américains sur l’opinion russe.

Cette lutte n’en est qu’à ses balbutiements et ne va pas disparaître.

Face à ce tir croisé Russie/Etats-Unis, les particuliers peuvent protéger leur argent en faisant l’acquisition d’un actif que la Russie achète et que les Etats-Unis possèdent déjà : l’or« .

Oui, c’est lorsque les relations internationales se crispent… et que les lois de la logique reprennent le dessus… que l’or donne toute sa mesure.

Mais après tout, peut-être sommes-nous effectivement beaucoup trop alarmistes. Qui sait, peut-être que la Russie et les Etats-Unis deviendront meilleurs amis… que nos économies occidentales connaîtront une croissance à deux chiffres qui leur permettra de rembourser sans encombre leurs dettes colossales… que cette même croissance permettra un retour au plein emploi en France et dans le reste du monde, éteignant ainsi les tensions sociales qui naissent un peu partout…

Peut-être que le Brexit se déroulera dans la joie et la bonne humeur… que les banques italiennes découvriront soudain qu’en réalité, elles s’étaient trompées dans leurs calculs : leurs bilans sont parfaitement sains…

… Et peut-être que des licornes s’en viendront paître sereinement dans nos prairies. Oui, peut-être que l’or est définitivement mort et enterré.

Ou pas.

04:15 Pour terminer, un article très utile signé Etienne Henri dans Opportunités Technos. Etienne nous rappelle que tout ce qui brille n’est pas or (pardon, je n’ai pas pu résister) dans le monde de la new tech française, et que l’investisseur particulier doit faire preuve de discernement avant de se lancer.

Etienne relate le fiasco Bescent – vous pouvez lire tous les détails ici – et invite à se méfier d’un travers bien français :

« Au pays du colbertisme, il est de bon ton de faire valoir, lorsqu’on est entrepreneur, que tous les critères ‘disruptifs’ ont été consciencieusement respectés. Briser les tabous et les consensus est une chose qui doit être faite dans les règles de l’art : les start-up se doivent d’avoir leur stand au CES, de faire partie d’un incubateur connu, de lever des fonds… ce sont ces critères qui permettent d’obtenir la très attendue visibilité dans l’écosystème de la French Tech.

Pas étonnant, dans ce contexte, que des aventures comme celles du Sensorwake ne reçoivent que des louanges jusqu’à l’inévitable redressement judiciaire. Ce qui est plus problématique, en revanche, est de voir ces laudateurs des premiers jours incapables de faire leur mea culpa lorsqu’un de leur choix se retrouve à la barre du tribunal de commerce !

Aux Etats-Unis, Juicero, qui commercialisait au prix fort une simple presse mécanique, et Theranos, dont les dirigeants mentaient sur le service rendu, ont eux aussi été encensées avant d’être décriées. L’écosystème américain a toutefois su ne pas tomber dans le déni de réalité et leurs créateurs sont aujourd’hui jugés à l’aune de leur échec.

Le monde de l’entrepreneuriat français devrait s’en inspirer et ne pas présenter des redressements judiciaires comme des victoires. Notre tissu industriel en sortirait grandi et la vie des investisseurs particuliers, pas nécessairement à même de remarquer ces incohérences, facilitée. A défaut, la plus grande méfiance s’installera quant aux performances réelles des ‘pépites’ mises en avant par les acteurs du numérique« .

Les lecteurs d’Etienne, de leur côté, peuvent se féliciter de savoir éviter au quotidien de tels pièges, pour se concentrer sur des valeurs vraiment profitables : deux des pépites sélectionnées par Etienne viennent d’ailleurs de s’envoler de 25% et 40% respectivement… (Pour profiter de ses conseils, c’est par ici.)

Je vous souhaite une excellente soirée, à demain !

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

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