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Zombies et paris baissiers

Par 15 janvier 2020Alertes

« On ne paie jamais trop cher une bonne leçon. »

– Proverbe français

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Hop, après la guerre commerciale Chine/Etats-Unis – ou sa fin prévue, en tout cas, avec la signature de l’accord de Phase 1 aujourd’hui – c’est au tour des repos de se réinviter sur le devant de la scène… un peu plus discrètement, mais de manière beaucoup plus inquiétante.

Philippe Béchade nous explique tout cela dans La Bourse au Quotidien. Cela peut sembler un peu complexe – mais cela en dit long sur l’état réel du marché, en dépit des tweets triomphants de M. Trump ces derniers jours…

« Alors qu’une opération de repo de 35 Mds$ à 14 jours (qui s’ajoute aux injections de liquidité overnight, ou au jour le jour) a été sursouscrite de 8,15 Mds$ ce mardi matin, la Fed envisage désormais de prêter directement de l’argent aux hedge funds (fonds spéculatifs pour la plupart d’entre eux), lesquels sont gourmands en capitaux pour financer la couverture de stratégies à effet de levier.

Cela peut passer pour une information un peu technique – mais c’est juste ‘énorme’ : cela signifie que la finance-casino (je caricature à peine…) est directement placée sous perfusion parce que la Fed sait que le maintien en lévitation des actifs (bulle obligataire et bulle d’actions et ETF actions) dépend largement des hedge funds et que sans l’apport d’une quantité illimitée d’argent frais, le château de cartes s’effondrerait. »

Oui, les marchés boursiers sont désormais un marché pour les institutionnels et par les institutionnels – mais les particuliers peuvent tout de même tirer leur épingle du jeu, à condition d’avancer avec lucidité.

Et le besoin d’intervention permanente de la part des autorités – pour permettre à la fête boursière de se poursuivre – se confirme et s’aggrave. Les banques centrales sont capables de miracles, comme nous l’avons constaté depuis la crise de 2008… mais la situation pourrait finir par dépasser même les plus doués des apprentis-sorciers. À surveiller…

01:00 En parlant d’apprentis-sorciers et de crise de 2008, nous assistons en ce moment à un autre retour sur le devant de la scène… celui de Ben Bernanke, ex-président de la Fed, qui aurait sans doute mieux fait de profiter de sa retraite, comme l’analyse Jim Rickards dans Intelligence Stratégique :

« Nous avons tous vu des films de zombies où le héros tire sur des zombies, mais les zombies ne s’arrêtent pas car… ce sont des zombies ! On ne peut reprocher aux observateur des marchés de ressentir la même chose à l’égard de l’ex-président de la Fed, Ben Bernanke.

Ben Bernanke a été président de la Fed de 2006 à 2014, avant de passer le relais à Janet Yellen. A l’issue de son mandat, il n’a pas regagné le monde universitaire (il était professeur à Princeton), mais a rejoint la Brookings Institution, sur Massachusetts Avenue, à Washington (DC).

[…] Et juste au moment où nous pensions que Bernanke avait disparu dans le marigot de Washington, et que l’on n’entendrait plus parler de lui… il réapparaît !« 

01:45 Zombie et marigot : on a là des éléments très prometteurs pour un film d’horreur bien dégoulinant… et la suite de l’analyse de Jim le confirme :

« Selon cet article, Bernanke a prononcé un discours très médiatisé lors d’une réunion de l’American Economics Association, à San Diego, le 4 janvier 2020.

Dans ce discours, Bernanke a déclaré que la Fed disposait de nombreux outils lui permettant de combattre une nouvelle récession. Il a notamment évoqué l’assouplissement quantitatif (QE), les taux d’intérêt négatifs et le forward guidance. Bernanke n’a pas mentionné que les QE2 et QE3 n’avaient produit aucune impulsion économique, ni que nous traversions la période d’expansion économique la plus faible de l’histoire des Etats-Unis.

Le QE n’a produit qu’une bulle des actions, des obligations et de l’immobilier qui n’a pas encore dégonflé (si nous avons de la chance) ou ne s’est pas encore effondrée (si nous n’avons pas de chance).

Les taux d’intérêt négatifs n’encouragent pas les gens à dépenser, contrairement à ce que pense Bernanke. Au contraire, les gens épargnent davantage pour compenser ce que la banque leur confisque en ‘intérêts négatifs’. Cela pénalise la croissance et éloigne encore plus la Fed de ses objectifs d’inflation.

Le forward guidance n’est pas crédible car le palmarès des prévisions de la Fed est lamentable. J’ai répertorié 13 occasions où la Fed a fait volte-face, sur le plan de sa politique, car elle n’arrivait pas à établir des prévisions correctes.

[…] Ben devrait retourner à la Brookings Institution et y rester. Il a déjà eu l’occasion d’être sur le devant de la scène, et nous en payons encore l’addition. »

Malheureusement, il a déjà été démontré à plusieurs reprises que les autorités – américaines ou autres – se sont fait une spécialité de prendre ce qui ne marche pas… et de recommencer, en s’attendant à un résultat différent : la définition même de la folie, selon Albert Einstein.

02:30 Ceci dit, rien ne garantit que cette folie – et ses résultats, qui ont tout de même permis de porter les marchés à des sommets en 2019 – prendra fin en 2020.

Zach Scheidt, dans Investissements Personnels, estime pour sa part que les craintes de baisse sont exagérées. Face à la multiplication des positions baissières de la part de nombreux traders, il conseille ceci :

« […] ‘Ne prend jamais un pari baissier au pied de la lettre’.

Voyez-vous, il existe de nombreuses raisons différentes qui peuvent expliquer qu’un important trader institutionnel décide de réaliser ce type de paris. Et plusieurs de ces raisons n’impliquent absolument pas qu’il anticipe la fin du marché haussier.

Par exemple, ce trader pourrait travailler pour un fonds commun de placement ou un fonds de pension avec des centaines de millions de dollars sous gestion investis sur le marché.

Pour ce genre de trader (et ils sont très nombreux), un pari de 5,9 millions de dollars sur une hausse rapide du VIX pourrait ne représenter qu’une assurance bon marché dans le cas où un événement imprévu se déroulerait, entraînant une chute temporaire de la Bourse.

Dans ce cas de figure, un investisseur institutionnel serait heureux de perdre 5,9 millions de dollars si cela implique que le marché continue de progresser vers de nouveaux plus hauts. Il réaliserait en effet des gains beaucoup plus importants grâce à l’appréciation de ses investissements plus traditionnels en actions. »

D’autres facteurs peuvent pousser un investisseur institutionnel à se positionner à la baisse, comme l’explique Zach dans la suite de son article – qui ne signifient pas forcément que les marchés sont sur le point de se retourner.

La vigilance s’impose, comme je le dis souvent, pas l’alarmisme et la panique !

03:15 Nous terminons avec une petite leçon de sélection boursière, signée Antoine Quesada dans sa lettre Quitte ou Double – quelques conseils qui vous permettront de faire de meilleurs choix : il est très important, alors que le contexte se complique, de n’avoir en portefeuille que de bonnes actions, solides et avec de vraies perspectives.

Reste à savoir séparer le bon grain de l’ivraie…

Comme l’explique Antoine :

« Il conviendra naturellement dans une recherche de rendement de privilégier des valeurs distribuant des dividendes.

Mais ce critère ne suffit pas. Pourquoi ?

Lorsque vous achetez une action, dont vous savez que l’entreprise dont elle constitue une partie, va très prochainement verser un dividende à ses actionnaires, il faut que vous sachiez qu’aussitôt versé, le montant de ce dividende est immédiatement déduit de la cotation de l’action.

[…] Normal : l’entreprise a versé à ses actionnaires une partie de ses bénéfices et par conséquent sa capitalisation boursière s’est réduite d’autant.

Mathématiquement, cette opération n’est bénéfique pour l’actionnaire que si le cours de l’action amputé du dividende continue à monter pour retrouver ou même dépasser son cours d’avant le versement du dividende.

C’est ce qui se produit le plus souvent, mais à plus ou moins long terme toutefois selon le contexte général du marché.

Logique : si une entreprise verse des dividendes à ses actionnaires c’est bien parce qu’elle gagne de l’argent.

Ce qui signifie qu’elle se porte bien, que son secteur d’activité est porteur et que son cours de Bourse pourrait potentiellement poursuivre son ascension. »

04:00 Il s’agit toutefois d’un phénomène à prendre en compte dans vos prévisions de rentabilité, car parfois, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu :

« Seulement voilà, si [le] cours de Bourse [de l’entreprise] dans une tendance haussière se trouve au contact d’une forte résistance de long terme au moment du versement du dividende, il n’est pas certain que le cours continue à aller de l’avant aussitôt après.

En effet, une ‘décrue’ de plus ou moins longue durée peut se produire. Dans ce cas-là, le timing n’aura pas été bon.

Or ce qui est important, en Bourse, comme dans beaucoup d’autres domaines de la vie d’ailleurs, ce n’est pas d’avoir raison. Ce qui est important c’est d’avoir raison au bon moment.

Et c’est bien là toute la difficulté.

Donc idéalement l’action que vous convoitez doit se situer sur une zone de support susceptible de servir de point d’appui pour rebondir. »

Vous avez besoin d’aide pour jauger les zones et les bons points d’entrée ? Antoine est là – et vous pouvez profiter de ses conseils en cliquant ici.

Je vous souhaite une très bonne soirée, en attendant de vous retrouver demain !

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

 

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