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Alerte n°234 – Et si le prochain « Big Short » concernait Hong Kong ?

Par 3 mai 2019AGD Alertes

Jim Rickards

Cher lecteur,

« Considérant la montée du populisme et le fait que le cycle de resserrement de la Fed semble être terminé, que pensez-vous des actions liées à l’or ? » ai-je demandé.

Se pourrait-il que l’un des « pegs » [NDLR : taux de change fixé par rapport à une devise de référence] les plus anciens – établi entre le dollar de Hong Kong (HKD) et le dollar US (USD) – soit rompu au cours des mois à venir ?

C’est plus probable qu’on ne le pense. Il est rare que les pegs durent plusieurs dizaines d’années sans se rompre.

Habituellement, les pays des marchés émergents instaurent un peg afin d’atténuer le chaos au sein des marchés financiers et d’apaiser la nervosité des investisseurs.

Mais ces pegs coûtent cher car ils exigent de renoncer au contrôle de la politique monétaire.

Cette perte de contrôle peut aboutir à un resserrement démesuré de la politique monétaire. Et si une politique monétaire est trop resserrée au sein d’une économie alimentée par la dette, une crise peut rapidement éclater.

C’est peut-être ce qui est sur le point de se produire à Hong Kong, et on dirait bien que très peu d’investisseurs y soient préparés.

Voici un graphique du taux de change USD/HKD depuis le milieu des années 1970 :

graphique taux de change USD/HKD
Source : https://tradingeconomics.com/hong-kong/currency

Au début des années 1980 – lors des premières phases de négociations entre Hong Kong et le Royaume-Uni concernant la fin du bail de 99 ans prévu en 1997 – les investisseurs ont craint que le Parti communiste chinois n’impose sa volonté politique à Hong Kong. La paire USD/HKD a chuté de 5 à 8 HKD pour 1 USD. En dollars, cela a représenté une baisse de 20 à 12,5 cents (une dévaluation de 38%).

Depuis cette dévaluation du HKD au début des années 1980, le taux de change fixe du dollar de Hong Kong est proche des 7,8 HKD pour 1 USD.

A tout moment au cours de l’année à venir, le HKD pourrait se dévaluer et tomber à 12 ou 16 HKD pour 1 USD, ce qui ouvrirait un nouveau front sur le théâtre des guerres de devises.

La plupart des investisseurs s’attendant à ce que le peg du HKD dure indéfiniment, les faiseurs de marchés sont prêts à vendre des options très peu chères misant sur une dévaluation du HKD.

Les faiseurs de marché se servent de la théorie de Black-Scholes pour fixer le prix des options. Cette théorie part du principe que l’avenir ressemble au passé, et que la future volatilité s’apparentera à celle du passé.

Autrement dit, ils sont ravis de vendre une assurance à tous ceux qui parient que cette ligne horizontale représentée ci-dessus opèrera une nouvelle envolée à la hausse, semblable à celle qui s’est produite au début des années 1980.

Dans le numéro d’Alerte guerres des devises du 13 mars 2019 , Jim a expliqué la situation délicate dans laquelle se trouvait l’autorité monétaire de Hong Kong (Hong Kong Monetary Authority ou « HKMA »). Si cette autorité a réussi à maintenir le peg de la paire USD/HKD aux alentours des 7,85 HKD, jusqu’à présent, elle a également resserré les liquidités au sein du système bancaire de Hong Kong.

Or le resserrement des liquidités bancaires exerce une pression à la vente sur l’ETF iShares Hong Kong (NYSE : EWH).

Avec toute cette pression exercée sur les marchés actions et immobiliers de Hong Kong, nous pensons qu’EWH pourrait chuter de près de 20% d’ici le mois de septembre.

Une variante de notre scénario du 13 mars a attiré l’attention des médias, la semaine dernière, lors de la diffusion de certains extraits de la dernière Lettre d’investissement de Hayman Capital Management, intitulée « The Quiet Panic in Hong Kong » [NDLR : la crise silencieuse à Hong Kong].

Le fondateur de Hayman Capital, Kyle Bass, est devenu célèbre en 2008 en participant au « Big Short » [NDLR : un vaste pari à la baisse, ou Le Casse du siècle, dans sa version cinématographique].

Ce « Big Short », uniquement accessible aux hedge funds en général, a consisté à acheter des CDS (« credit default swaps ») sur des titres adossés à des prêts immobiliers bien plus risqués que ne le pensait tout le monde. Lorsqu’il s’est avéré que ces titres autrefois notés AAA ne valaient presque rien, cela a déclenché la faillite de Bear Sterns et de Lehman Brothers.

[A l’époque], la société d’investissement Hayman Capital avait réalisé un pari asymétrique contre ces titres adossés à des prêts immobiliers, et [aujourd’hui,] elle identifie une opportunité de trade asymétrique similaire avec le peg USD/HKD.

Voici la conclusion de la lettre de Hayman Capital :

« Sur le front financier, la structure endettée et vulnérable de l’économie de Hong Kong se situe aux antipodes de ce qu’imaginent spontanément les investisseurs moyens. Trente-six ans de relative stabilité ne garantissent pas une nouvelle décennie de stabilité, même si notre analyse n’était que partiellement correcte. Parallèlement, le risque d’extradition de Hong Kong vers la Chine est en train de provoquer des mouvements tectoniques au sein des accords fondamentaux régissant les relations économiques entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et Hong Kong.  

Et ces mouvements ne font que commencer. Que ce soient les investisseurs, les déposants et les responsables politiques de Hong Kong, tous doivent faire très attention à l’issue de cette valse législative se déroulant entre la Chine et Hong Kong. Actuellement, Hong Kong est le centre via lequel la Chine peut lever des dollars en Asie. La Chine est désespérément à court de dollars et, par conséquent, a besoin que Hong Kong demeure un partenaire commercial privilégié des Etats-Unis et du Royaume-Uni.  

La conjonction de l’incertitude politique et de flottements financiers pourrait brutalement modifier la base des investissements réalisés à Hong Kong et dans toute l’Asie. Chez Hayman, au cours de ces dernières années – et en conservant tout cela à l’esprit – nous avons soigneusement observé, analysé et prévu ce type d’instabilité macroéconomique. Nous avons conçu une structure de portefeuille qui protège efficacement ceux qui investissent à Hong Kong, en Chine et dans le reste de l’Asie, grâce à un ensemble de positions soigneusement structurées générant un rendement positif mais conservant également une énorme asymétrie par rapport à des éventualités négatives survenant à Hong Kong et/ou en Chine.

 Si vous possédez des investissements dépendant de la Chine, de Hong Kong ou plus généralement de marchés émergents, vous devez lire cette lettre. Vous pouvez lire les principaux extraits sur ce post sur Zero Hedge. »

La lettre de Hayman couvre bon nombre des thématiques que nous avons abordées dans notre alerte du 13 mars 2019, et intègre des informations relatives au contexte historique de Hong Kong.

 

Bien à vous,

Dan Amoss, CFA
Alerte Guerre des Devises

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